Le monde des instants

Le monde des instants

La route de Léonce


Les chemins

          En substance, les chemins que j’emprunte, peuvent se définir selon les vents. Sentir quand et savoir comment. Le plus dur, c’est de bien écouter leur chant. Ne pas se tromper dans leur discours. Un vent contraire ne veut pas nécessairement dire que je me trompe. Pas tant qu’une petite brise, apaisante et rassurante souffle sur mon cou. Les voiles de mon être leur sont ouvertes, depuis une série de jours où le fil de ma vie s’est stoppé. Un temps de ma jeunesse ou je voulais me voir, me percevoir totalement. Ils attendaient mon choix. Le présent se déroulait autour de moi. Rien n’avançait à l’intérieur. Je devais faire un pas vers telle ou telle direction. Je les voyais sans me douter de l’importance d’en choisir une. J’ai choisi ce chemin, où la brise me faisait le plus frissonner. Ce chemin que mon entourage de l’époque n’a pas compris et préférait n’y voir qu’une contestation adolescente. Au mieux nous n’en parlions pas. J’ai pris le chemin qui ne m’orientait pas vers une carrière ou l’apprentissage d’un métier ou que sais-je. Celui-ci me faisait peur. J’avais déjà appris de mes écarts avec toute forme d’enseignement, de structure éducative, hiérarchique. Les modèles de vies conformes m’apparaissaient comme un trou noir. Un aller simple et rapide vers le flou de l’être. Des ténèbres où nous nous perdons sans pouvoir se retrouver. Ou alors, trop tard. Non sur l’autre route, la brise était présente. A la fois douce et suffisamment fraîche pour le frisson du cœur. Et même si les vents contraires étaient plus fort que jamais, je m’y suis engagé. Une première sortie de route sans programme pour le lendemain. Dès lors, et cela a duré assez longtemps (plusieurs années), j’ai erré avec joie dans l’océan des hasards. Ceux que nous croisons aux coins des rues. Je suis tombé amoureux de cette déstructure. Tant d’individualités croisées, appréciées, évitées, aimées. Je me suis fait voyageur d’amitié. Lié à tout, une multitude d’expériences m’ont ouvertes à la vie. Elles m’ont permises d’effacer le tableau de mon avant. Une destruction qui frôla de près la mienne à plusieurs reprises. Les vents ne sont pas toujours aussi clairs. En particulier quand les sens sont trop altérés. Pour la beauté de l’accomplissement de son âme, nul défi n’est à ignorer. Non, je ne pouvais pas me conformer à mon façonnage initial imposé. Nulle faute reprochée, car les familles pensent faire ce qui leur paraissent le plus juste. Mais une réalité sur ma nature véritable. Un jour j’ai ouvert les yeux, et dans ce reflet par lequel les autres me percevaient, je n’arrivais pas à me reconnaitre. Autre chose. J’étais quelqu’un d’autre, pour autre chose. Mais quoi. D’ailleurs le savons-nous un jour avec certitude. Et surtout est-ce vraiment important. Le tout étant d’éviter de se saborder soi-même, et puis on verra pour le reste. De là, ce goût insatiable pour les sous cultures, le bizarre, élit domicile dans ma tête. Le sombre et l’éblouissement, l’absolu qui s’équilibre en permanence. J’ai continué à suivre les vents, sans jamais m’éloigner du souffle dans le cou. Puis un jour j’ai levé les yeux, et je l’ai vu. Cette étoile. La mienne. Alors j’ai su que je pouvais renaître. Que le temps de la reconstruction était venu. De nouveaux chemins, différents, se sont présentés. J’en ai suivi certain, ignoré d’autre. Mais pas de retour en arrière. Des raccourcis, des sentiers parallèles, mais j’ai toujours eu en vue cette étoile, avec la brise m’entraînant. Le voyage continue. Je sais que c’est le bon. Car il m’arrive toujours de m’arrêter une seconde, sentir le monde, et sourire. Brièvement, silencieusement, secrètement.


25/01/2016
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