1er arrivé
Le banc est sale et encore un peu humide de la journée. Au moins par cette fin d’automne, la bière reste fraîche plus longtemps. Les lumières du parc s’allument avec le soir qui vient occuper l’espace à son tour. La synchronisation du photovoltaïque, l’un des multiples charmes des centres villes. L’harmonisation d’un confort pour l’activité humaine, qui semble aussi naturel qu’un simple couché de soleil. Une organisation mécanique dont plus personne ne prête gare. Sans parler des devantures de magasins et des différents éclairages urbains. Décorations évènementielles et saisonnières, elles en épatent certains durant quelques secondes, voir minutes, et puis hop, on passe à autre chose. Ne pas oublier le pain, ne pas rater le bus, où est ce que j’ai mis mon portable, ou mes clefs… Bref, que de l’indispensable moderne. Ça s’agite autour des arrêts de bus et devant les feux. Les places de parking se libèrent plus vite qu’elles ne se remplissent. L’humidité ambiante m’oblige à m’enfoncer dans mon manteau encore à peine étanche. D’ici peu je ne prêterai plus gare à cette température extérieure. Les camarades seront là d’ici une petite heure et nous referons le monde. Une nouvelle fois. Et puis j’ai encore une cannette pleine qui contribuera à l’appréciation de mon attente. J’adore arriver avant tous le monde. Je respire l’ambiance des instants à venir. Parfois je gribouille quelques mots sur mon carnet, parfois je regarde juste les gens traverser leur fin de journée. De temps en temps j’engage des conversations. La surprise d’une discussion selon la personne aborder. Je ne parle pas de drague ou de taxage de clope ni de feu. Mais un phénomène étrange pour beaucoup, celui de réagir, commenter avec un voisin d’attente sur un phénomène observé. Une publicité qui sort du commun, une info relayée par un autre individu assis sur un siège à deux rangées du votre. Une remarque comique entendue en même temps, avec un sourire dissimulant difficilement un rire aux éclats. Je fais ainsi parti du monde, j’accepte de participer au vivant, à ma façon. La fraicheur est de plus en plus supportable. Je baragouine quelques mots sur mon carnet, relève la tête de temps à autre pour voir si je ne vais pas être coupé au milieu d’une phrase. Rien d’extraordinaire à raconter cette fois ci. C’est comme un entrainement. Ne pas perdre la main, ni le fil d’une poésie.
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